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Coeur de miel
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  • Ici, on parle de mangas, de cinéma, de stars de Bollywood de dollz et de la série "Veronica Mars" !! Quelques photos et des coups de coeur émailleront le tout. Mon ambition : que tout ça serve à quelque chose !
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28 novembre 2004

Maus - tome 1

 Maus, tome 1 : Mon père saigne l'histoire, ed. Flammarion.

MAUS, pour ceux qui ne connaissent pas, mais c'est rare, où ceux à qui cela dit quelque chose, je rappelle qu'il s'agit d'une bande dessinée qui parle de la Shoah. C'est difficile de dire "bande dessinée" car on est dans le récit historique et pas dans l'humour ou l'aventure, qui caractérisent le plus souvent cet art. Je dis bien art, car cette oeuvre a reçue le fameux prix Pulitzer en 1992 et de nombreuses autres récompenses. L'histoire et le dessin sont tellement forts et ils évoquent très bien l'époque de la guerre 39-45, que ça n'en est pas étonnant. L'auteur, Art Spiegelman raconte l'histoire de son père, Vladeck, juif polonais, durant ces années troubles.

Le fils, Artie (dessinateur) et son père, Vladeck lui racontant son histoire.

Il alterne les scènes de la vie de tous les jours de son père, quand celui-ci lui raconte son histoire avec force détails, et les reconstitutions de ses péripéties. Le tout est tellement bien ficelé qu'on est jamais déçu de revenir à une époque ou l'autre. Car, aussi bien les scènes américaines (où Vladeck vit depuis sa sortie des camps nazis) que les scènes polonaises (son pays d'origine) pendant la guerre, nous donnent des indications sur le caractère du personnage principal. Au fil des ses tribulations en territoire occupé, on se rend compte de sa force, de sa capacité à rebondir dans chacune des situations, à ne jamais baisser les bras, alors qu'on le croit perdu. Et aussi de sa chance de connaître les bonnes personnes et d'avoir de l'argent ce qui lui permet, dans bien des situations, de s'en tirer. Par exemple, l'un des ses cousins l'aidera mais uniquement car il peut lui offrir de l'or en échange. Son père le dit lui même : "a ce moment là, la famille, ça existait plus, chacun s'occupait plus que de lui même !" et on la voie se disloquer petit à petit cette famille...  Vladeck raconte son histoire à son fils avec tellement de naturel et de simplicité : il dépeint tout ce qui s'est passé jusqu'aux plus petites anecdotes qui nous aident à nous imprégner de l'époque et de ce qu'à pût être le calvaire de millions de gens, les polonais particulièrement. Le dessin de Art Spiegelman renforce cet aspect, il est en noir et blanc, comme la plupart des choses que l'ont a de cette époque. La symbolique y est forte : les personnages sont représentés sous les traits (visage seulement) d'animaux : les Juifs sont des souris, les nazis, des chats... et la traque n'épargneras presque personne, malheureusement.

Les tranches de vie de Vladeck aux USA sont assez décalées, et on nous décrit une situation familiale chaotique. Le père remarié avec une autre survivante, ne la supporte pas et elle non plus, il est question d'argent. Le fils est entre les deux, il voudrait défendre sa belle-mère, mais se retrouve incapable de justifier ses propos auprès de son père qui a toujours le dernier mot. Un BD dans la BD nous raconte d'ailleurs la relation trop protectrice de la vrai mère avec son fils, Artie, ainsi que sa dépression au sortir des camps.

 L'auteur en vrai : Art Spiegelman.

Tout cela est bien noir mais tellement réaliste, il ne faut pas qu'on oublie que c'est arrivé et qu'il faudra éviter à tous prix qu'une telle chose recommence. Le tome 2 semble encore plus noir car on y aborde les camps de concentration en eux même, mais je ne l'ai pas encore lu.

Pour ceux qui s'intéressent à cette période, je recommande le film "Le Pianiste" de Roman Polanski, le documentaire « Shoah » de Claude Lanzmann et aussi les romans de Imre Kertez : d'abord "Etre sans destin" et ensuite "Le chercheur de traces" et non l'inverse sinon vous aurez du mal à comprendre « Le chercheur de traces ». Bien sûr, le roman de Primo Levi "Si c'est un homme". Ces romans montrent la machinerie d'anéantissement phénoménale, à peine croyable et terrible -il n'y a pas de mots-, mise en place petit à petit par les nazis. Y échapper relevait alors de la chance et/ou d'une volonté extrêmement forte. Ce qui est bien traduit dans MAUS, alors qu'il est très difficile de parler de cette période.

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