La raison du plus faible (Lucas Belvaux)
En cette période de vache maigre côté offre cinématographique, et si les histoires de supers héros sur le retour ne vous intéresse pas vraiment, je ne peux vous conseiller qu'un seul film : LA RAISON DU PLUS FAIBLE.
Il est déjà sorti depuis le 18 juillet, donc il vaut mieux aller rapidement le voir avant qu'il sorte des écrans. Entre parenthèse, je trouve l'affiche très esthétique.
Ce film se passe en Belgique dans une ville industrielle où le décor n'est pas sans rappeler l'Angleterre de Thatcher (en tout cas la vision que les films m'en ont donné) avec petites maisons ouvrières toutes identiques alignées sur des kilomètres et qui paraissent totalement sans vie (elle se cache en fait à l'intérieur).Tous les protagonistes vivotent là, en butte au chômage suite à la fermeture du plus gros employeur local (usine d'acier, devenue "musée") où à des métiers peu valorisants (le rôle de Natacha Régnier : Carole).
Cette dernière vit avec son mari Patrick (joué par Eric Caravaca) et son fils (joué par Elie Belvaux, fils du réalisateur), c'est une famille unie mais ayant de relatifs problèmes d'argent, déclencheur de tous les problèmes. Son mari, bien que diplômé, est au chômage et s'occupe avec beaucoup d'attention de leur fils ainsi que du jardin ouvrier qui leur permet de mettre du beurre dans les épinards. Lorsque la mobylette tombe en panne c'est la catastrophe, ils n'ont pas les moyens d'en racheter une autre....
Patrick fait part de cette nouvelle à ses compagnons de jeu de carte qu'il voit tous les jours dans un bar du coin. Petit à petit, il décide de ne plus revenir, las d'accumuler les dettes, même si tout le monde est prêt à lui prêter de l'argent. Les compères mûrissent alors dans leur tête l'idée de faire un casse, à la fois pour aider Patrick, mais aussi comme une revanche sur la vie de misère qu'ils ont vécu à l'usine et aujourd'hui... Ils font appel à un ex-tolard qu'ils viennent de rencontrer pour monter un coup, ce dernier hésite, il ne veut pas donner raison au policier qu'il rencontre tous les jours pour signaler sa présence, et qui le nargue comme s'il était certain qu'il allait recommencer....
Je crois que je ne vais pas raconter la suite car ce serait vraiment tout déballer et il n'y aurait plus de suspens, mais c'était pour vous situer un peu l'ambiance du film. Je l'ai réellement apprécié car il nous montre combien la vie peu basculer pour des problèmes d'argent, comment tout ça peut briser l'harmonie des relations entre des personnes qui s'aiment et se respectent pourtant profondément. Le personnage de Patrick est aussi extrêmement buté, il se jette presque à corps perdu dans la solution que lui propose ses amis en dépit de tous les avertissements possibles et imaginables. J'ai aussi apprécié le personnage de Lucas Belvaux (également réalisateur) : Marc, ex-voleur a qui la société donne du boulot mais qui reste suspect et considéré comme irrécupérable par l'institution policière. Les dernières images dans la tour de l'immeuble son très fortes, elles m'ont vraiment impressionnées. Avec la caméra, on se retrouve comme spectateurs-voyeurs, au dessus de tout ces gens, on ne peut plus agir sur leur destinée, ils sont tous prit au piège dans cette vie, il n'y a pas d'issue.
Voilà pour cette présentation, je le recommande vraiment chaudement, il m'a un peu rappelé Sweet sixteen, de Ken Loach, dans son issue. Ces films posent des questions : les plus faibles vont-ils être de plus en plus mit de côté de cette façon ?
A noter, la présence de Gilbert Melki, toujours magistral, et des comédiens belges comme Patrick Descamps, Claude Semal,...